Bien qu’une initiation soit possible en groupe restreint, la TA est essentiellement un travail individuel réalisé avec l’aide d’un praticien. Il ne s’agit pas d’apprendre à faire quelque chose, mais plutôt d’apprendre à ne pas faire. La libération du contrôle primaire est une opération délicate qui demande une attention spécifique. Comme il existe une différence entre ce que l’on fait et ce que l’on croit faire, le toucher du praticien jouera une rôle fondamental dans la prise de conscience individuelle de notre fonctionnement (usage de soi).
La leçon sera consacrée à quelques mouvements simples qui ne sont ni des exercices, ni des postures. S’asseoir et se lever d’une chaise est le mouvement le plus souvent proposé. Mais tout autre activité, dans le sens le plus large, peut servir de point de départ : marcher, chanter, dire un texte, jouer d’un instrument, écrire, peindre, etc. Ce n’est pas l’activité elle-même qui importe mais le processus qui la rend possible. Alexander situait ce processus dans la pensée permettant d’arrêter et de diriger notre fonctionnement. Le lien entre pensée et mouvement est le premier objectif d’une leçon.
Notre tendance la plus commune est de « foncer droit au but », de « faire », ou encore de « sentir » le mouvement au lieu de le laisser se déployer. L’accent mis sur le processus (arrêter et diriger), permet d’éviter ces automatismes et d’organiser notre pensée. Il diminue l’excès de tensions physiques et psychiques associé à l’idée de faire quelque chose. Contrairement à une idée répandue, la TA n’est donc pas une méthode de contrôle de soi ou une technique d’apprentissage direct. Son objectif est le libre usage de soi en toute activité.
Pendant la leçon, les mains du praticien, ses indications verbales, accompagneront le pratiquant.
Les mains ne corrigent pas mais invitent à arrêter ou diriger notre pensée pendant l’activité. Elles permettent également de prendre conscience d’une perception sensorielle erronée lorsque, par exemple, on croit aller vers le haut en allant vers le bas. Une leçon est souvent accompagnée d’un repos actif, travail en position allongée pendant lequel les directions sont mentalement activées.
La TA n’est pas un travail de relaxation ou de bien-être. Les éventuels sentiments de bien-être, de légèreté, de joie, qui peuvent découler d’une leçon résultent d’un meilleur usage de soi. Cet usage est le véritable objectif de la méthode. La TA ne peut donc être confondue avec un travail corporel offrant des bénéfices immédiats et sensibles. Le travail s’étalera sur une dizaine de séances, au moins, et pourra se poursuivre indéfiniment selon le désir du pratiquant.